Aller au contenu

Le Château de verre (film, 1950)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Le Château de verre

Réalisation René Clément
Scénario Gian Bistolfi
Pierre Bost
Acteurs principaux
Sociétés de production Franco London Film
Fortezza-Film
Universalia Film
Pays de production Drapeau de la France France Drapeau de l'Italie Italie
Genre Film dramatique romantique
Durée 99 minutes
Sortie 1950

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Le Château de verre est un film franco-italien réalisé par René Clément, sorti en 1950, drame romantique adapté d'un roman de Vicki Baum.

Évelyne est une femme mariée à Laurent, un juge très afféré. Elle rencontre Rémi, un jeune homme qui la séduit. Le temps d'un week-end, c'est une autre vie.

Résumé détaillé

[modifier | modifier le code]

Bien mariée à Laurent Bertal (Jean Servais), magistrat à Berne en Suisse, Évelyne (Michèle Morgan) serait parfaitement heureuse si son époux n’avait pas tendance à la délaisser pour son travail. Au cours d'un séjour en Italie au bord du lac de Côme, avec son mari et leur amie Elena (Elisa Cegani), Évelyne rencontre Rémi Marsay (Jean Marais), représentant d’une firme industrielle et jeune homme volage et joueur qui la séduit malgré elle. Après ce bref béguin, il rentre à Paris et elle à Berne, heureuse de revoir son jeune fils « ourson » mais toujours irrésistiblement attirée par Rémi. Son mari Laurent, se doutant de quelque chose, interroge Elena qui n’évoque qu’un simple badinage anodin. Cependant, la tension s’installe dans le couple. Évelyne s’oppose à Laurent procureur au procès de Louise Morel, une pauvre femme accusée d’avoir tué sa belle-mère possessive pour garder son mari.

Évelyne comprend la femme dans ce crime passionnel, alors que Laurent cherche par tous les moyens à la condamner : « il faut que je trouve la torture exacte qui fera parler cette femme ». De son côté, Rémi a retrouvé sa maîtresse en titre, Marion (Élina Labourdette), une antiquaire à laquelle il a l’habitude de raconter toutes ses aventures féminines. Jalouse, elle le pousse à demander à Évelyne de le rejoindre à Paris, étant sûre que ce ne sera qu’une passade, car Rémi est un homme volage, incapable d’aimer. D’abord réticente, Évelyne finit par se rendre à Paris, alors que Laurent la croit à la campagne, chez Elena. Néanmoins, arrivée dans la capitale, elle prend conscience de son audace et pense faire demi-tour. Mais après avoir passé une journée entre passion et culpabilité à visiter Paris avec Rémi, elle devient sa maîtresse et pour elle, c’est une autre vie. Rémi comprend soudain qu'il est amoureux d'elle et lui demande de quitter Laurent. Évelyne le souhaite, mais tient à rentrer pour s’expliquer avec son mari, décidée à obtenir sa liberté. Mais cette histoire d’amour sans avenir, ce « château de verre » va se briser à l’image des deux amants qui tour à tour se blessent en marchant sur des bris de verre. Les adieux provisoires s’éternisent. Rémi veut la garder tandis qu'Évelyne joue avec la montre en avançant d’une heure les aiguilles pour simuler ce qui va se passer[1].

Finalement, elle rate son train pour Berne et prend l’avion qui n’arrivera jamais à destination. Elle périt dans l'accident qui survient au décollage. Laurent finit par comprendre qu’Elena, « l’amie de la famille », lui avait caché l’escapade d’Évelyne : les deux femmes qui comptaient pour lui l’ont trompé.

Fiche technique

[modifier | modifier le code]

Distribution

[modifier | modifier le code]

Non crédités :

Lieux de tournage

[modifier | modifier le code]

Le tournage a eu lieu notamment au bord du lac de Côme, à la gare de Milan dans le train wagon-lit Milan-Paris du Trans-Europ-Express, puis à Paris :

- 1er arrondissement : Place Vendôme, rue de Montpensier à la hauteur du Théâtre du Palais-Royal, devant le 9 rue de Beaujolais, dans le Jardin du Palais-Royal, Place André Malraux devant la Comédie-Française, Place des Victoires

- 5ème arrondissement : Place du Panthéon et au sommet de l'église

- 7ème arrondissement :au 81 et 92 rue du Bac

- 8ème arrondissement : rue Royale, Place de la Concorde, face à l’Église de la Madeleine, chez Hermès rue du Faubourg Saint Honoré

- 10ème arrondissement : sur les quais, au buffet de la gare et sur le parvis de la Gare de l'Est

- 12ème arrondissement : devant la Gare de Lyon

- 18ème arrondissement : escaliers et rues de Montmartre et parmi les ruines encore présentes en 1950 à la suite des bombardements aériens des forces alliées des 20 et 21 avril 1944 [2] ,[3]

et aussi dans le hall et à l'extérieur de l'aéroport du Bourget (Seine-Saint-Denis)

Autour du film

[modifier | modifier le code]

Le film est une adaptation d’une œuvre de la romancière Vicki Baum[4] : Sait-on jamais ?[5]. Le film a été tourné simultanément en langue italienne sous le titre L'amante di una notte. Dans cette version italienne, Fosco Giachetti remplace Jean Servais pour interpréter le rôle de Laurent Bertal[6].

Les deux interprètes principaux, Michèle Morgan et Jean Marais, étaient enthousiastes à la lecture du scénario et à l'idée de travailler à nouveau ensemble, après Aux yeux du souvenir (1948) pour lequel film Michèle Morgan avait reçu aux Victoire du Cinéma Français le prix pour la meilleure actrice et Jean Marais celui du meilleur acteur pour La Belle et la Bête (1946) et pour Orphée (1950).

Le mélodrame de Vicki Baum est parfaitement retranscrit à l'écran par René Clément. Mais ce dernier en introduisant "quelque chose" de nouveau, son œuvre déconcertante n'obtiendra pas le succès escompté. En effet, René Clément a utilisé au montage un flashforward ou saut en avant (l’inverse d’un flashback ou saut arrière) qui à l’époque (1950) a été assez mal compris par certains spectateurs non encore aguerri à cette utilisation particulière d’écriture cinématographique. Gilles Jacob a écrit à ce sujet : « Clément construit son dénouement en insérant un fragment de futur dans le présent : Michèle Morgan (Évelyne) fait avancer la montre de Jean Marais (Rémi). À ce moment, l'auteur désamorce tout suspense, intercale l'épisode de l'accident d'avion dans lequel elle trouvera la mort et qui, chronologiquement et logiquement, prend sa place à la fin du film. »

Remarque : Dans une fiction, un flashforward ou saut en avant, intervient lorsque le spectateur est informé d'un élément du récit qui est censé se dérouler dans un temps futur par rapport au temps principal du récit, figure que l'on peut opposer au flashback, beaucoup plus utilisé car plus facilement intégré par le spectateur de base et qui peut se prolonger, alors que très souvent le flashforward se présente sous une forme réduite d'un plan ou d'une courte séquence.

Box Office France 1950 : 1674474 de spectateurs

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. moment où le réalisateur René Clément introduit son anticipation dans le déroulement des évènements
  2. « Le Vieux Montmartre. Société d'histoire et d'archéologie des IXe et XVIIIe arrondissements... Bulletin mensuel », sur Gallica, (consulté le ).
  3. « Montmartre bombardé » [vidéo], sur ina.fr (consulté le ).
  4. Vicki Baum est l'une des plus grandes romancières modernes de la littérature anglo-saxonne. D'origine autrichienne puisqu'elle est née à Vienne en 1888, elle s'est établie à Hollywood en 1931 (décédée en 1960), prenant la nationalité américaine sept ans plus tard. Cf Christian Dureau, Jean Marais, l’éternelle présence, Éditions Didier Carpentier, 2010, page 39 (ISBN 978-2-84167-645-3)
  5. Das Grosse Einmaleins, Querido Verlag, N.V., éditeur, Amsterdam 1935. Edition française: Sait-on jamais ?, traduit par Eugène Bestaux, Éditions Stock
  6. Gilles Durieux, Jean Marais : Biographie, Paris, Éditions Flammarion, 2005, page 165 (ISBN 9782080684325)

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Raymond Chirat, « Château de verre, Le », Catalogue des films français de long métrage. Films de fiction 1940-1950, Editions Imprimerie Saint-Paul, Luxembourg (ville), 1981, article no 170
  • Raymond Chirat, « Le Château de verre », La Saison cinématographique 1950/1951 (La Revue du cinéma hors série - XXXII), U.F.O.L.E.I.S, Paris, 1985, 216 p., p. 39, (ISSN 0019-2635)
  • Christian Soleil, « Le Château de verre », Jean Marais : la voix brisée. Autobiographie, Editions Actes Graphiques, Saint-Etienne, 2000, 255 p., p. 249, (ISBN 2-910868-42-7)
  • Claude Bouniq-Mercier, « Château de verre (La) », Guide des Films A-E (sous la direction de Jean Tulard), Éditions Robert Laffont (collection Bouquins), Paris, 2005, 1195 p., p. 612, (ISBN 9782221104514)

Liens externes

[modifier | modifier le code]